QUI SUIS-JE ?

Quand je revois cette photo, j’ai mal au coeur : je vois une jeune fille allongée comme si elle venait d’être opérée, qui n’arrive même pas à embrasser son bébé. Sans parler du cathéter et des appareils médicaux derrière.

Ça, c’est moi le 29 août 2003 avec mon premier enfant Alexis. Première photo souvenir. Et tant de choses qui me mettent en colère aujourd’hui.

Fin 2002, je tombe enceinte de mon premier enfant. Je vais avoir 23 ans, je suis la première de mon entourage à être enceinte. Mon premier réflexe : trouver un gynécologue et une maternité. Je prends au pif le plus proche de chez moi.

J’ai une grossesse qui se déroule très bien, un suivi médical classique avec des touchers vaginaux et des échographies régulières. Je termine ma grossesse avec des préparations à l’accouchement très classiques.

Bref, je suis épanouie et impatiente d’accueillir mon bébé.

grossesse, accouchement médicalisé avec péridurale

5 jours avant mon terme. Au bout de ma vie car on traverse la plus grosse canicule jamais connue. L’histoire racontera qu’en plus je dépasserai mon terme de 4 jours histoire de bien en ch*** ^^

Et j’ai vite déchanté…

29 août 2003 dans la nuit : j’ai des contractions régulières mais assez espacées. Au petit matin, je décide donc d’aller à la maternité.

Émotionnellement, c’est un mélange de stress mais aussi de joie et d’excitation : je vais enfin rencontrer mon bébé tant attendu !

Je m’installe en salle d’accouchement, je commence tant bien que mal à gérer mes contractions en attendant l’anesthésiste (oui parce que je n’envisage même pas d’accoucher sans péridurale, je ne suis pas folle ^^).

Il arrive, me pose la péridurale.

Et là, sans que je ne vois rien venir, tout a dérapé :

  • péridurale trop dosée,

  • position allongée,

  • pose de cathéter,

  • monitoring,

  • interdiction de boire (on est en pleine canicule pour rappel)

  • poussée dirigée,

  • épisiotomie

  • forceps.

Alors qu’au départ, tout se passait bien.

Mais mon bébé et moi allons bien, c’est l’essentiel non ?

Pourtant psychologiquement, j’étais anéantie par le déroulement de mon accouchement : je me suis complètement laissé faire sans rien dire, sans rien comprendre. J’ai juste subi cet accouchement.

Je me suis longtemps demandé pourquoi ? Pourquoi mon accouchement est parti en cacahuète alors que rien ne le présageait ?

Qu’est-ce que j’avais mal fait pour foirer mon accouchement ?

J’ai longtemps culpabilisé de cet accouchement. Qu’est-ce que j’avais mal fait pour en arriver là ?

C’est après coup que j’ai compris que j’ai été prise malgré moi dans un système qui m’a poussé vers cette cascade d’interventions.

Et que tout cela m’a amenée à cet accouchement hyper médicalisé sans raison.

Que ce n’était pas la faute de mon corps…

La peur, le manque de connaissances et de confiance, une bonne dose de conditionnement, bref, tous les ingrédients étaient réunis pour saboter mon accouchement alors qu’il se déroulait très bien.

Comment cela se fait que j’ai été si peu informée et autant formatée à me laisser faire ?

J’en ai gardé un goût amer pendant longtemps après et surtout je me suis dit “ si j’avais su “

Malheureusement, tout cela a eu des incidents même après …

Quand je revois cette photo, je me rend compte à quel post j’étais triste. Mais je n’ai pas osé en parler ni demander de l’aide.

Déjà, physiquement j’étais épuisée et douloureuse à cause de cette énorme épisiotomie qui m’a fera souffrir près d’un an.

Sans parler de mon allaitement qui a été compliqué. J’ai eu énormément de mal à m’attacher à ce bébé tant désiré.

J’ai culpabilisé sans rien comprendre pendant longtemps et j’ai fait une dépression postnatale.

C’est des années après que j’ai compris que cette médicalisation inutile m’avait voler non seulement mon accouchement mais aussi mon postnatal.

C’est pourquoi aujourd'hui il me tient autant à coeur d’informer les femmes : pour leur éviter d’être cette jeune fille prise malgré elle dans cet engrenage de la médicalisation de leur premier accouchement sans rien oser dire ni faire ……